Bien avant la crise sanitaire, entre 100 et 150 000 Français se préparent à la fin du monde.
Longtemps considéré comme la lubie des complotistes ou de ceux qui s’attendent au pire, le survivalisme réveille aujourd’hui notre âme d’aventurier.
Salons dédiés, stage de survie en autonomie, les adeptes de plus en plus nombreux, recherchent les sensations que l’on peut retrouver dans les sports dits « outdoor », c’est-à-dire pratiqués à l’extérieur.
Un peu d’Histoire. Le survivalisme voit le jour aux Etats-Unis dans un contexte de guerre froide et de crainte de guerre nucléaire. Lancé à l’origine par Kurt Saxon, un individu néonazi et xénophobe redoutant les vagues d’immigration massives, le mouvement prend de l’ampleur dans les année 80 avec la peur croissante de l’effondrement économique. Peu à peu se forge la caricature du survivaliste que nous connaissons : “cet Américain dont le garage ressemble à un stock de contrebandier”.
Depuis une dizaine d’années, des néo survivalistes aussi appelés “preppers” ont fait irruption : ils rompent avec l’idéologie initiale du mouvement et tiennent plutôt du rejet de la société capitaliste et de ses dérives. Ce courant, proche de la nature, crée donc un nouveau persona dans la famille des survivalistes.
D’anciens militaires proposent aujourd’hui des « stages de survie » au cours desquels des cours pratiques sont donnés sur le terrain pour apprendre à vivre en autonomie. De plus en plus populaires, et parfois proposées aux entreprises comme exercice de team building, ces stages ne sont pas sans nous rappeler les expéditions menées par certains individus désormais figures du mouvement tel que Mike Horn, « survival expert » et “l’un des plus grands explorateurs modernes” si l’on en croit le site web qui porte son nom… En décembre 2019, après une expédition qui a bien failli coûter la vie à l’explorateur sud-africain et à son compagnon norvégien Børge Ousland, le grand public est averti de la part de danger que peut comporter ce genre d’escapade.
Il y a tout juste un an, à l’annonce du premier confinement, nous avons assisté à un mouvement de panique et à la rupture de stock massive des produits lyophilisés. Sur le mois de février 2020, l’entreprise française Lyophilise & Co aurait enregistré une hausse de 120% de son chiffre d’affaires par rapport à février 2019, selon sa fondatrice Ariane Pehrson. Les équipements de survie sont également en plein essor et les innovations sont nombreuses. Batteries rechargeables, panneaux solaires de poche, ou même pailles de survie, tels sont les nouveaux produits proposés par les acteurs du mouvement, bien conscients des opportunités que peut receler ce nouveau marché.
Avec des problématiques liées au changement climatique, la perte de confiance vis-à-vis des pouvoirs publics et les réseaux sociaux qui favorisent les croyances de certaines communautés, le survivalisme semble avoir de beaux jours devant lui. Prônant l’autonomie et des valeurs de retour à une vie plus simple, il séduit de plus en plus, à l’instar du “minimaliste”, le fameux “less is more” et du “zéro déchet”.
On se permettra quand même de souligner le paradoxe que représente cette nouvelle tendance, appliquant les règles du Marché tout en prônant l’autonomie vis-à-vis de ces mêmes règles.