On la disait suiveuse, dépendante, incapable d’innover. En 2024, BYD est devenue la marque automobile la plus vendue au monde, devant Tesla.
Pas en criant plus fort. En écoutant mieux.
Une ascension éclair en Chine
Né comme fabricant de batteries en 1995, BYD rachète en 2003 une petite marque automobile et lance ses premières voitures. En 2022, tournant décisif : BYD arrête totalement la production de véhicules thermiques pour se consacrer au 100 % électrique et hybride rechargeable.
Résultat : en 2023, BYD dépasse Volkswagen en Chine en volume de ventes, et fait jeu égal avec Tesla sur le 100 % électrique. Sa force ? Une intégration verticale unique : batteries, électronique, logiciels et plateformes sont produits en interne, ce qui réduit drastiquement les coûts et permet de sortir un nouveau modèle en 18 mois, contre 4 à 5 ans pour un constructeur traditionnel.
La conquête internationale
BYD n’a pas tardé à exporter son modèle. L’Asie du Sud-Est est devenue sa première base hors Chine, avec une usine en Thaïlande inaugurée en 2024. Puis le cap a été mis sur l’Europe et l’Amérique latine.
En 2023, les exportations ont bondi de plus de 300 %. L’entreprise dessert aujourd’hui plus de 70 pays, en adaptant son offre : des hybrides rechargeables dans les marchés où les infrastructures de recharge sont encore limitées, du 100 % électrique là où elles sont solides.
L’offensive européenne
Le vrai test, c’est l’Europe.
Fin 2023, BYD annonce sa première usine sur le continent : Szeged, en Hongrie. 300 hectares de site industriel, qui devraient alimenter une grande partie du marché européen dès 2026. Une deuxième usine est déjà dans les cartons, et un accord avec la Turquie prévoit la production de 150 000 véhicules par an.
Surtout, BYD vise la démocratisation avec un modèle sous les 20 000 € d’ici la fin de la décennie. Un seuil psychologique pour casser les résistances à l’achat, notamment sur des segments citadins.
D’un design copié à une identité affirmée
Pendant ses premières années, BYD a beaucoup été moqué pour ses designs proches de BMW ou Toyota. Mais les temps ont changé. L’arrivée de Wolfgang Egger, ex-Audi et Lamborghini, a donné une véritable identité esthétique à la marque.
Aujourd’hui, BYD revendique son propre langage de design, “Dragon Face” et structure son offre avec plusieurs sous-marques :
- Dynasty & Ocean pour les volumes,
- Denza pour le premium,
- Yangwang pour le très haut de gamme électrique (jusqu’à 150 000 €).

Chiffres clés
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- 4,27 millions de véhicules vendus en 2024, dont 1,76 million 100 % électriques.
- Présence dans 70 pays.
- Objectif : devenir leader européen d’ici 2030.
- Prix d’appel annoncé : < 20 000 € pour certains modèles.
- En Chine, BYD affirme que l’industrie locale a 3 à 5 ans d’avance sur l’Occident en matière de technologies électriques.
Ce que disent les dirigeants
- Michael Shu (DG Europe) : « Nous pouvons être en position de leader en Europe d’ici 2030. »
- Wang Chuanfu (fondateur & CEO) : « La Chine a plusieurs années d’avance sur les technologies électriques. Notre mission est de faire en sorte que le plus grand nombre y ait accès. »
Les défis marketing pour l’Europe
Tout n’est pas gagné. BYD devra :
- Clarifier son offre : la multiplication des sous-marques (Denza, Yangwang, Dynasty…) peut perdre les consommateurs européens.
- Créer du désir au-delà du prix : un véhicule peut être accessible et fiable, mais il doit aussi être “aspirationnel”.
- Rassurer sur la qualité et la conformité : crash-tests, empreinte carbone, sourcing… autant de points à travailler en communication pédagogique.
La leçon marketing BYD
L’histoire de BYD est celle d’une marque qui a su :
- Commencer en imitant pour rassurer ;
- Construire une puissance industrielle pour dominer ;
- Et inventer progressivement une identité de marque propre pour inspirer.
En Europe, BYD devra transformer son avantage prix et sa maîtrise industrielle en une histoire émotionnelle capable de rivaliser avec Tesla, Volkswagen ou Renault.
Le futur ne sourit pas aux marques les plus bruyantes, mais à celles qui rendent le progrès silencieux.
Chez Little Less Conversation, on aime ces marques qui construisent l’émotion sur la performance réelle, pas sur le battage.


