La mode upcyclée, une vieille idée qui a su se renouveler

Jetable, ultrapolluante (microfibres, flots d’intrants chimiques, pollution de l’eau avec la teinture), pas toujours sociale, la fast-fashion a bousculé et presque tué la mode traditionnelle. Son mode de fonctionnement et ses dérives font naître aujourd’hui un nouveau type d’acteurs qui renversent la vapeur.

La mode upcyclée (ou surcyclée pour les allergiques aux anglicismes ) propose aujourd’hui un nouveau modèle de consommation textile plus durable et circulaire.

Le concept de l’upcycling est simple : récupérer des tissus et vêtements déjà existants pour les transformer en pièces d’une qualité supérieure. Bref,  les valoriser en leur donnant une nouvelle vie. Contrairement au recyclage, l’upcycling englobe une dimension de création, puisque l’objectif de cette démarche est de concevoir du neuf avec de l’ancien. Mais on ne vous apprend rien n’est ce pas? 

Les bases de l’upcycling remontent à 1989 et au créateur Martin Margiela qui a osé faire défiler ses modèles de haute couture dans des pièces fabriquées à partir de sacs  en plastique Franprix. Son leitmotiv était culotté : faire des objets du quotidien des pièces de mode stylées à faible impact environnemental.  Il voulait  dénicher une nouvelle beauté des objets du quotidien : les robes sont découpées dans des trenchs, des gants cousus entre eux deviennent des hauts.  

 

Il aura fallu attendre quelques années pour que cette idée devienne une tendance dans le milieu de la mode et séduise une nouvelle génération de créateurs engagés. 

La styliste Marine Serre est une des porte-drapeaux de cette génération : lauréate du prix LVMH en 2017, elle dévoile sa première collection en 2018, composée à 30% de pièces upcyclées. Ses collections visionnaires sont articulées autour d’un futur dystopique, dans lequel l’humanité a été profondément affectée par le dérèglement climatique, jusque dans sa façon de s’habiller. C’est dire combien l’avenir de la planète interpelle créateurs et acheteurs.

Dans la même lignée, la jeune marque Les Récupérables : après avoir travaillé dans des ressourceries, la créatrice Anaïs Dautais a lancé sa propre marque en écupérant des fins de rouleaux de tissu, de vieux linges de maison ou des chutes de production, Les Récupérables a réussi à se faire une place sur la scène de l’upcycling français. 

D’autres créateurs ont axé leur démarche de travail sur la même réflexion. Ainsi, la marque Chaussettes Orphelines de Marcia di Carvalho est née d’un constat simple : toutes les paires de chaussettes abîmées ou orphelines sont bêtement jetées. La créatrice Sakina M’Sa a, elle aussi, créé plusieurs marques de mode upcyclées avant d’imaginer un concept store ouvert à Paris appelé le Front de Mode qui propose exclusivement des marques éthiques et responsables. 

 

Mais ça ne s’arrête pas là! Cette nouvelle façon de fabriquer s’étend aux accessoires de mode. Ainsi est née la marque La Bananeraie  avec des sacs et sacoches confectionnés à partir de chutes de tissu trouvées dans des ressourceries. Dans la même lignée, la marque La vie est Belt s’est lancée en transformant des pneus de vélo usagés en ceintures de prêt-à-porter : aujourd’hui, elle veut recycler des vieux draps en caleçons 2.0. 

Et les consommateurs suivent : en 2019, près de deux français sur cinq ont acheté des vêtements d’occasion et  48% d’entre eux ont affirmé vouloir le faire à l’avenir. Cela pousse les griffes de luxe à emboîter le pas de ces jeunes créateurs. Jean-Paul Gaultier est à ce titre un des pionniers de la haute-couture: au cours de son dernier défilé en 2020, célébrant ses50 ans de carrière, le styliste a présenté une collection printemps-été totalement upcyclée. Convaincu que le milieu de la mode doit radicalement changer, il clame haut et fort qu’il y a trop de vêtements produits chaque année et qu’il faut favoriser le recyclage. Les créateurs Viktor & Rolf ont eux aussi adopté cette démarche. Lors de leur show 2020 présentant leur collection printemps-été, ils ont réutilisé leurs échantillons de tissu pour exprimer et mettre en lumière le concept de design conscient : faire mieux avec moins.

 

L’upcycling devrait maintenant s’étendre à d’autres univers : linge de maison, décoration, meubles et être pris en main par les consommateurs qui peuvent s’inspirer de Pinterest ou Instagram pour transformer un pull en bloomer pour un enfant ou le pantalon de monsieur ou pantalon à pince pour madame.  Et nous ne serions pas surpris que des coachs en upcycling fassent également leur apparition.

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