Le vin dans tous ses états

Quand vous allez faire vos courses et que vous choisissez un produit transformé, vous faites sûrement un petit tour par la liste des ingrédients. Maintenant, essayez de penser à un produit de grande consommation, très populaire en France pour lequel vous ne faites jamais ce détour par les ingrédients parce qu’ils ne sont tout simplement pas marqués…

C’est le vin, oui oui vous l’avez bien lu, ce rayon qui prend ¼ de votre carrefour express préféré n’a pas de liste d’ingrédients. Vous trouverez au dos de votre bouteille de bordeaux favori 2-3 indications sur sa provenance ( et encore ), quelques mentions légales comme déconseillé aux femmes enceintes ou le fameux  « contient des sulfites ».
Vous allez me répondre que tout le monde sait que le vin, c’est du jus de raisin fermenté dans des fûts de chênes, auquel on a peut-être rajouté des sulfites pour le stabiliser, rien de bien sorcier. Et je suis désolé de venir briser votre imaginaire viticole digne d’une image d’Épinal, mais cela fait longtemps que le vin s’est emparé des codes de l’agroalimentaire au dépit de ceux de l’artisanat. Vous avez d’ailleurs probablement déjà vu les mentions « contient des traces d’œuf » ou « contient des traces de poisson » au dos des bouteilles… Étrange non ?
Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le secteur viticole a toujours réussi à être exclus des régulations agroalimentaires européennes, grâce au poids des lobby des vins et spiritueux en Europe. Et effectivement, il y a de quoi, France info en 2019 a fait analyser par le laboratoire Dubernet 10 bouteilles de vin produites dans un rayon de 50km autour de Bordeaux et produites en 2016 regroupant toutes sortes de vin, du bordeaux classique au vin « nature » en passant par le bio.
Résultats de cette étude :

  • Sulfite en doses conséquentes, jusqu’à 202 mg/L ( soufre )
  • Additifs : acide ascorbique et acide métartatique ( pour éviter l’effervescence et les dépôts )
  • Aujourd’hui, environ 50 additifs sont autorisés dans le vin, parmi lesquels on retrouve les « auxiliaires technologiques » utilisés dans la transformation du produit comme la colle de poisson ou les protéines de lait et d’œuf, eux innofensifs utilisiés depuis longtemps mais aussi pour la couleur, du polyvinylpolypyrrolidone ou crospovidone, beaucoup moins naturels.

Le souci outre le fait que la majorité des intrants ne laissent quasiment aucune trace après filtration, et que certains pourraient aussi être présent naturellement, c’est que les vignerons ne souhaitent absolument pas divulguer leurs « recettes ». Malgré la demande des consommateurs pour plus de transparence, les grands syndicats viticoles font tout pour retarder l’échéance.
Il ne faut pas non plus oublier que l’industrie viticole est très gourmande en pesticide, qui se retrouvent donc dans vos bouteilles, à l’état de traces et qui ont pour leur part des effets très nocifs pour la santé à moyen-long terme. Présents dans 5 des 10 bouteilles testées, on y retrouve notamment de la carbendazime, interdit depuis 10 ans, liée à l’utilisation d’un fongicide ainsi que la phtalimide, cancérigène, due à l’utilisation du folpel. On retrouve aussi dans d’autres bouteilles de l’iprodione et du thiaméthoxame. (aujourd’hui retirée du marché)
Mais les vins natures et certains vins bio ont réussi l’exploit de ne plus utiliser de pesticides, ce qui montre que c’est possible ! Et les vins dit « nature » vont encore plus loins, car ils n’utilisent pour la plupart, aucun intrant synthétique, seulement du soufre (sulfate) et parfois du cuivre en très petite quantité. Mais cette démarche a un prix, la récolte peut être détruite à la moindre maladie, ce qui pour des vignobles employant beaucoup des salariés, est tout bonnement impensable.
Ces informations vous ont probablement un peu refroidis, mais n’oubliez pas que le composant le plus nocif contenu dans votre bouteille de vin, c’est l’alcool, et de loin. Pour ceux qui recherchent tout de même des vins un peu moins modifiés et avec un peu plus d’info sur l’étiquette, on ne peut que vous encourager à privilégier les petites exploitations, et d’en discuter avec votre caviste et les producteurs directement si vous en avez l’occasion !
On vous invite aussi à soutenir l’initiative dansmabouteille®, la première plateforme au monde à proposer des données non-commerciales sur les ingrédients et additifs d’une bouteille de vin, en scannant le code barre d’une bouteille, vous accéderez à la composition et aux informations nutritionnelles de votre bouteille, gratuitement !
Alors, profitez bien de cette fin d’année, et choisissez votre vin en connaissance de cause. 

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